Rencontres avec la nature des Alpes

La magicienne des sous-bois...

En cette fin de nuit, les forêts d’altitude sont très calmes… Des conditions printanières… Quelques plaques de neige résiduelles subsistent à l’ombre… La montagne s’anime gentiment. Où la minuscule chouette chevêchette se cache-t-elle ? La voir relève presque de l’exploit. Son chant flûté aide à la localiser. Le plus petit rapace d’Europe venu tout droit de l’ère glaciaire a traversé les millénaires grâce à sa taille miniature d’à peine 20 cm, sa discrétion et son parfait mimétisme dans les biotopes touffus. Apte à se rendre invisible dans la végétation, elle change fréquemment de perchoir navigant entre feuillus dénudés, conifères barbus envahis de lichen et cime d’un sapin. Sa grosse tête ronde aplatie, couleur chocolat piquetée de clair, son poitrail blanc aux stries sombres, ses sourcils en V, ses yeux cerclés d’or, un bec crochu d’un jaune nuancé en font un rapace extraordinaire. Curieuse et peu craintive, la mignonne boule de plumes guette une proie. Un passereau ou un rongeur vagabonde dans son secteur ? Puissance, détermination, sévérité du regard. Excitée, elle gonfle son plumage, agite la queue de haut en bas, attend le bon moment pour foncer. Sa victime ne lui échappera pas ! Dotée par la nature de 14 vertèbres cervicales, soit 2 fois plus que l’être humain, elle a la faculté de déboîter sa tête en tous sens grâce à un cou très flexible. Après plusieurs bâillements, sous les lumières douces des premiers rayons du soleil, la redoutable prédatrice entame une courte sieste, paupières légèrement entrouvertes. Reposée, elle s’envole silencieusement, ondulant entre les vieux troncs pour disparaître comme par magie dans les sous-bois. (DD)