Rencontres avec la nature des Alpes

Flûtes enchantées...

De sombres secteurs quasi impénétrables dans des forêts d’altitude… un monde isolé, mystérieux où feuillus et conifères se transmettent des secrets… Des arbres barbus centenaires, envahis de lichen aux troncs percés de cavités de pics… Givre et premiers flocons rappellent à l’automne que son règne se termine malgré la persistance des billes rouge vif du sorbier des oiseleurs. Des chevêchettes se seraient-elles installées dans cet endroit sauvage ? Repérer cette espèce minuscule, rare et discrète… quel défi ! « Tioup, tioup, tioup »… Souvent émis dans le silence de l’aube naissante, leur chant d’automne caractéristique constitue un précieux atout pour les localiser. Note claire, flûtée, de tonalité élevée émise à intervalles réguliers... Un sifflement qui porte jusqu’à 500 mètres. Un couple s’est formé. Des cris plus doux permettent de garder le contact entre les partenaires. Perché sur la cime d’un sapin, le lutin aux yeux envoûtants bâille, s’assoupit, multiplie les attitudes. Emmitouflée dans sa doudoune, la petite curieuse prend plaisir à ébouriffer son plumage léger et aéré lui procure une chaleur bienfaisante. Grâce à un cou incroyablement flexible doté de 14 vertèbres cervicales, elle tourne la tête en tous sens, somnole, navigue entre les perchoirs, fait sa toilette, guigne entre des lichens où son mimétisme la protège des prédateurs. Dissimulée dans un épicéa, elle régurgite une pelote de réjection. Merveilleuse cachette que ces entrelacs couverts de poudreuse…Ambiances verdoyantes, frissonnantes… Ces bijoux connaissent les moindres subtilités pour s’évanouir dans la montagne et traverser les âges tels des fantômes échappés de la nuit. (DD)